D’habitude, mon écriture est fluide et aisée… je peine à aligner 3 mots cette fois. Et pourtant, j’ai tant de choses à te dire, à t’écrire.
On dit que le premier « homme » de la vie d’une fille est son père. Je ne pousserai peut-être pas jusque là mais tu es important dans ma vie. C’est vrai que notre famille a un parcours particulier, mais après tout, quelle famille n’en a pas ? Chaque famille est unique. Et en dépit de ses (nombreux) défauts, la nôtre est essentielle pour moi.
Et puis, tu t’es occupé de nous (mes 2 soeurs et moi) seul alors que ma génitrice nous laissait tomber pour vivre sa vie. Ils n’étaient pas sûrs, ces bien pensants, de laisser 3 enfants avec leur père, 3 filles de surcroît. Ils pensaient au mal. A l’époque, les enfants c’était avec la mère, même si toutes les mères ne sont pas des mamans. En tout cas, tu peux être fier d’avoir élevé 3 filles, avec l’aide de Mémé (ta maman) et Tata (ta soeur aînée).
Mais ce soir, je viens te tenir la main encore un peu. Elle me paraît si frêle et faible.
Je dépose un baiser mouillé et salé sur ton front pâle. Je caresse ta joue creusée par la maladie (maudit crabe !! Fuck the cancer!!) et déjà si froide. Ton regard n’est déjà plus là. Ta respiration est pénible, entrecoupée par instants.
Je te chuchote à l’oreille : « Tu peux te reposer. On va se débrouiller. Tu peux y aller… lâcher prise. Abandonne la souffrance derrière toi et… Je t’aime, papa !! ». Je ne sais pas si tu m’entends. J’aime à penser que oui.
Et soudain le silence… Et la douleur survient accablante et étouffante. Tu es parti. Tu m’as laissée.
Je n’aurai pas de regret. Je n’en veux. J’ai profité de ta présence, de tes histoires, de tes visites…
Même si on s’est « accroché » parfois, ça n’a jamais terni l’image que j’ai de toi. Tu as le chic pour me faire enrager par ton attitude. Toi, l’anti-classe sociale, le rageux contre le système, les politiques et les enfoirés, l’allergique aux démarches administratives de tout bord. Mais, peu m’importe, c’est toi !! Mon père.
Amoureux de la Nature, marcheur invétéré et infatigable. Tu en as fait des balades avec ta belle Vénus. C’était bien quand tu nous racontais, aux Zouzous et à moi, tes découvertes, les oiseaux croisés et la plage…
Cette fois, tu pars pour ta plus grande balade…
Au revoir, papa !